Alexis Hadjimichalis est à lui seul un amalgame de contradictions. Le côté hautement sérieux de l'anagramme pour sa série d'assemblage S.O.C.O.S. (« Structured Obsessive Compulsive Organic Surfaces ») est contrebalancé par la stupidité évidente de certains titres de collages individuels. Par ailleurs, l'humour inné de l'artiste transparaît au travers de titres auto proclamés tels « les Mésanges de Lolita ».

 

Quelque chose d'extraordinaire se produit lorsque ces combinaisons de matériaux humbles s'assemblent, montées sur un tableau et recouverts de vernis. Les arrangements ne sont pas le fruit du hasard mais, au contraire, soigneusement étudiés sous l'égide d'un esprit analytique. Ils se rapprochent d'une organisation du chaos et ils dégagent une odeur particulière.

 

Les arômes de la Grèce, de ses villages de pêcheurs, de ses marchés et de ses restaurants sont la première impression qui vous transporte en entrant dans l'atelier athénien d'Hadjimichalis. Ils sont la contrepartie sensuelle de l'application extrêmement précise de son œuvre et des matériaux qui la composent.

 

Une deuxième métamorphose se produit lorsque son oeuvre est photographiée. Ainsi reproduits, les travaux en trois dimensions prennent une autre vie. La truite fumée ressemble ainsi aux meilleurs des collages de Kurt Schwitters. 
La peau arctique, avec ses motifs gris et blanc de points et d'écailles, ressemble à un fond peint pour le Metropolis art déco de Fritz Lang. Aussi, une « mosaïque » de tranches de mangue a le rougeoiement d'ambre des meilleures peintures de résine de Sigmar Polke.

 

Se sentant chez lui à Londres, Paris, Hanoï ou Athènes, Alexis Hadjimichalis et son œuvre sont néanmoins tous deux, au plus profond d'eux-mêmes, empreints de l'âme grecque. L'artiste a trouvé ainsi l'équilibre parfait entre les éléments intemporels de la nature et la tradition antique de l'environnement construit.

 

Will Shank
Historien d’art et conservateur
Barcelone, San Francisco, Hydra